Lady's, 2000

Betacam numérique, PAL, couleur, son


Jeune artiste chinoise née en 1970 à Heilongjiang et vivant à Beijing, Cui Xiuwen n'hésite pas à filmer, dans un pays où la liberté n'est pas de mise, des jeunes filles réajustant leur tenue dans les toilettes de ce que l'on devine être une boîte de nuit ou un bar branché de Pékin. Ces jeunes chinoises récupèrent cet espace qui n'est ni tout à fait privé ni tout à fait public pour en faire un lieu de vérification de leur aspect, de leur tenue, mais aussi de leurs revenus récents. Nous apercevons en effet des jeunes filles vérifiant leur maquillage et rangeant quelques billets dans leur sac ou leurs sous-vêtements.

Cette scène est filmée par une caméra vidéo légère et discrète utilisant le miroir comme un écran sur lequel les personnages viennent se regarder, dans ce lieu clos ressemblant aux coulisses d'un théâtre. L'artiste nous révèle toutefois une présence extérieure, la femme de ménage blottie dans un coin, qui porte un regard étranger et neutre sur cette jeune génération.

Nous pouvons déchiffrer ce commentaire critique dans cette courte vidéo de 6 min 12 comme une analyse de l'écart entre deux générations, entre la Chine d'avant et celle qui s'avance à grands pas vers le capitalisme mondial. La question du sexe était considérée comme tabou durant la Révolution Culturelle et les femmes n'y jouaient que des rôles très secondaires. Ici l'artiste ose nous montrer un aspect de l'évolution de la société, des jeunes femmes d'aujourd'hui au 'travail', mais laisse hors-champ l'autre partie, les hommes eux-mêmes, la salle principale du club où elles travaillent.

Lady's se démarque des autres travaux de l'artiste par son analyse directe et documentaire d'un fragment de la société chinoise. Elle ne se raccroche ni à l'histoire ni aux traditions, mais nous montre une société en évolution avec ses pratiques et ses déviances.

Christine Van Assche