Nothing, 1997

Owada aka Martin Creed (1968), Adam McEwen (1965), Keiko Owada (1966)
Nothing, 1997
Disque audio numérique compact, stéréo, 36'24''
Edition Piano, 1997
Collection Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, Paris, France


En 1997, Owada produit son premier album, Nothing, sur le label du compositeur David Cunningham. Conçu comme une œuvre minimaliste, il est constitué de 23 titres composés et écrits par Martin Creed. L'artiste inscrit son travail dans la lignée de l'art conceptuel et minimaliste des années 1960 et 1970, tels que les concevait Sol Lewitt. Il tend à éviter de prendre des directions esthétiques lorsqu'il crée une œuvre. Sa démarche repose sur la question de la consistance d'une œuvre d'art et de la relation qu'elle entretient avec ce qui l'entoure. Ses œuvres prennent donc des formes multiples tout en restant toujours dans une sobriété de moyens. L'artiste utilise souvent les matériaux disponibles dans le lieu d'exposition où il se trouve : l'air dans Work No. 200, Half the Air in a Given Space (1998), la lumière dans Work No. 227, The Lights Going On and Off (2000), qui lui a permis de remporter le Turner Prize en 2001, les murs, les portes et le son. Ainsi, Martin Creed, pour décrire sa démarche aime rappeler une citation de Michelange disant que la sculpture existe déjà dans le bloc de marbre. Il s'agit de savoir la faire ressortir.
Martin Creed considère le son et la musique comme une continuité de sa démarche artistique visuelle. Dans ce principe de complémentarité, ses œuvres sonores sont parfois à l'origine d'œuvres plastiques et inversement, comme I Like Things, ou Everything is Going to be Alright. Il réalise également des installations sonores, comme Work No. 189. Thirty-nine Metronomes Beating Time. One At Every Speed (1998) dans laquelle 39 métronomes sont posés au sol et actionnés en décalage. Dès 1994 il forme le groupe Owada avec deux amis. Martin Creed est à la guitare et au chant, Adam McEwe, à la batterie et Keiko Owada à la guitare basse et aux chœurs. Il avait déjà écrit et composé des morceaux avant la formation du groupe, mais Owada lui permet de les concrétiser. Le groupe se sépare rapidement, trop distant des aspirations artistiques de Martin Creed qui continue de développer ses propres projets musicaux en tant que guitariste et chanteur dans le cadre de ses expositions.
Dans l'album Nothing, le titre des morceaux désigne en même temps les paroles de la chanson (1,2,3,4), sa caractéristique, (Short g, (0'06'') ou son contexte d'enregistrement, (30 Seconds With the Lights Off). Dans le même registre, le morceau X est constitué des lettres de l'alphabet de A à Z et 1-100 de la liste des nombres chantés dans l'ordre. Dans Circle, l'artiste évoque le monde de l'art et se réfère à des artistes qui se sont illustrés dans le domaine de l'art conceptuel.
L'album est un mélange entre dada et musique pop. Les textes reposent sur la répétition, le décompte et la récitation, mais tout est restreint à son strict nécessaire : peu de notes et aucun mots superflus. Martin Creed a souhaité que la guitare soit aussi claire, nette que possible, il n'a pas voulu utiliser d'effets de réverbération ou de distorsion. Dans cette approche neutre, le son est plus fin, plus pur. Et c'est donc cette absence d'esthétisation musicale qui donne son nom à l'album.

Priscilia Marques