Small Comfort, 1995

Installation mixte
Boule en plexiglas, 1 vidéoprojecteur, 2 haut-parleurs,
1 Bande vidéo, PAL, couleur, son, 32’13’’


Souvent associé à la scène des Young Brititsh Artists dans les années 1990, le travail de Mat Collishaw s'inscrit dans un genre à la fois baroque et réaliste, critique et poétique, où l'image est toujours ce lieu paradoxal de tension, de violence et d'effraction. Son œuvre traverse l'étendue des supports reproductibles (photo, vidéo, bande-son) et révèle la nature profondément factice et illusoire des modes contemporains de représentation, leurs systèmes de perversion, de contamination du réel par le langage dominant de la publicité et des médias. Dans ses différentes installations, Mat Collishaw pousse jusqu'à son extrémité la loi du désir et de la séduction. Il fait basculer le spectateur dans un espace qui piège ses attentes, entre l'apparence merveilleuse et enfantine d'une esthétique maniériste et la brutalité, le détachement des sujets représentés. L'installation Small Comfort se présente comme une modélisation agrandie d'une boule de neige d'un mètre de diamètre, posée au sol, dans laquelle les flocons sont remplacés par des paillettes métalliques en mouvement permanent. À l'intérieur de la boule, en lieu et place des traditionnelles figurines, se trouve un petit écran sur lequel est projetée une vidéo, image de surveillance d'une femme avec son enfant faisant la manche à la sortie du métro, sur un fond sonore d'accordéoniste. Cette figure pitoyable se substitue ainsi à celle qui se situe normalement dans ces objets populaires, l'image idéalisée d'un pays, d'un lieu, d'un monument touristique. Ce geste de permutation, qui manipule des univers et des attributs féeriques, se retourne sur une vision désenchantée et sinistre, pour créer une sorte de vignette sentimentale à la Dickens déplacée dans le Londres d'aujourd'hui. Une façon pour l'artiste de nous replonger dans l'obscurantisme amoral et cruel d'une époque victorienne non révolue.


 


Stéphanie Moisdon